Qu’est-ce que c’est ?
L’attachement est un aspect des liens affectifs qui s’établit de manière durable entre deux personnes. Nous sommes tous attachés toute notre vie à des personnes différentes.
La théorie de l’attachement est une théorie développée dans la seconde partie du 20eme siècle par le psychanalyste anglais, John Bowlby (1907-1990), qui stipule que le bébé a besoin d’une figure d’attachement pour se développer. L’attachement est un système comportemental inné de recherche de proximité avec un adulte qui contribue à la survie du bébé. Nous savons aujourd’hui que pour survivre et vivre correctement, un enfant a besoin de s’attacher à au moins un adulte qui devient sa figure d’attachement prioritaire. Mais cette connaissance n’a pas toujours été.
En effet, la théorie de l’attachement n’a seulement été énoncée par le psychanalyste de John Bowlby au milieu du 2Oème siècle. Ce sont les psychanalystes René Spitz¹ et Anna Freud qui l’orientent sur ce chemin en découvrant qu’après la guerre, les bébés orphelins qui avaient été envoyés dans les orphelinats différents autour de Londres, n’avaient pas le même développement selon la manière dont ils étaient entourés.
Ils ont alors postulé que ce qui se trouve autour du bébé influence son développement et sa santé. John Bowlby établit un rapport² pour l’OMS en 1951sur les effets de la privation de soins maternels sur la santé mentale des jeunes enfants. Il emploie pour la première fois le terme « d’attachement », issu du langage courant, pour qualifier la tendance que les jeunes enfants ont à se lier avec leurs parents. Selon lui, c’est une fonction biologique nécessaire à leur survie. Dès le départ, bien que John Bowlby parle de carence en soins maternels, il mentionne aussi que « le système familial le plus protecteur pour l’enfant est le système familial à multiples attachements ». Ce que reprend Boris Cyrulnik³ lorsqu’il dit que, certes la mère représente la figure d’attachement prioritaire, étoiles la plus brillante dans la constellation du bébé, mais que d’autres figures d’attachement secondaires existent et sont également très importantes, dont celle du père, du reste de la famille et aussi celles des professionnels d’accueil de la petite enfance.
Lexique de la théorie de l’attachement
Le caregiving est l’ensemble des soins et des réponses apportés par l’adulte aux besoins de l’enfant. On parle aussi de comportement de maternage.
Le caregiver est la personne qui donne les soins à l’enfant, qui s’occupe de lui.
Le Bonding représente les liens affectifs qui unissent les parents, les adultes aux enfants. On emploie ce terme pour différencier l’attachement qui est le lien qui part de l’enfant.
L’enfant sécure est un enfant qui a réussi à développer un lien d’attachement avec au moins une figure d’attachement. Il est sécurisé lorsque sa figure d’attachement est présente et peut aller jouer. Il se rassure vite après un temps de séparation qui alerte son système d’attachement. L’attachement sécure est prédictif d’un développement émotionnel, social et cognitif de bonne qualité.
L’enfant insécure est un enfant dont le lien d’attachement avec sa figure principale n’est pas satisfaisant et montre des troubles significatifs de stress. Son attachement est dit évitant lorsque l’enfant montre des signes d’autonomie affective et s’intéresse peu à sa figure d’attachement, comme s’il n’avait pas vraiment besoin d’elle. Il ne montre pas sa souffrance et adopte un comportement de retrait.
Son attachement est dit ambivalent lorsque l’enfant maximise les besoins de proximité au détriment de ses capacités exploratoires, comme s’il exagérait sa détresse pour faire réagir sa figure d’attachement. Même en présence de sa figure d’attachement, il reste stressé et peut réagir avec violence envers elle. C’est en cela qu’il est dit ambivalent.
Son attachement est dit désorganisé lorsqu’il est impossible de prévoir les réactions de l’enfant avec sa figure d’attachement tant elles peuvent être contradictoires. Parfois il est évitant, d’autre fois il manifeste de l’appréhension vis-à-vis de sa figure d’attachement, d’autre fois encore il maximise son besoin de proximité avec elle. Cet attachement confus, désorganisé, est le signe d’un stress et d’une souffrance importante de l’enfant et est prédictif de troubles ultérieurs.
La sécurité affective est la sécurité donnée à l’enfant par la présence de sa figure d’attachement. Il ne faut pas confondre sécurité affective et lien d’attachement sécure. Pour être sécurisé, l’enfant a besoin de sa figure d’attachement auprès de lui. Un enfant sécure est un enfant qui, même si sa figure d’attachement s’éloigne, continue à aller bien car cette dernière demeure dans sa mémoire, dans le style affectif qu’il a acquis à son contact. Plus l’enfant est petit, plus il a besoin de cette sécurité affective pour asseoir son lien d’attachement. Ensuite, ce lien fonctionne même en l’absence de la figure d’attachement.
La figure d’attachement principale est généralement la mère qui possède la priorité de sa présence dans la niche sensorielle de l’enfant. Mais dès la naissance, le bébé crée des liens d’attachement avec son père ou avec les personnes qui prennent régulièrement soin de lui. Un enfant peut avoir un lien d’attachement insecure avec sa mère et sécure avec son père.
Les figures d’attachement secondaires sont l’ensemble des personnes avec lesquelles l’enfant créé des liens d’attachement. Le bébé hiérarchise ses figures d’attachement. Cela ne veut pas dire qu’il aime plus telle ou telle personne, mais que ces dernières lui offrent plus ou moins de sécurité. Celles qui répondent de manière la plus appropriée et s’investissent dans la relation, occupent une place prioritaire. La personne qui lui donne le plus grand sentiment de sécurité est généralement sa figure d’attachement principale. Une nouvelle figure d’attachement ne prend jamais la place d’une autre, elle s’ajoute.
Le soutien au processus d’attachement est un rôle des professionnels de la petite enfance. Il comporte : une information donnée aux parents sur ce qu’est le phénomène d’attachement et l’importance qu’il revêt pour leur enfant, un aménagement des pratiques d’arrivée et de départ prenant en considération les modes de séparation et de retrouvailles entre l’enfant et se parents et favorisant la triangulation, la mise en place de liens de proximité entre les professionnels et les parents dans le cadre d’un partenariat et d’une confiance réciproque.
La disponibilité affective est aussi une composante professionnelle importante. C’est la capacité émotionnelle à recevoir un enfant et à créer des liens affectifs avec lui afin de favoriser une relation intersubjective basée sur la proximité et l’affection, tout en laissant toujours à l’enfant l’initiative de la demande affective.
¹- Réné Spitz, La première année de la vie de l’enfant, Puf, 1953.
²- John Bowlby, Soins maternels et santé mentale, OMS, 1951.
3– Boris Cyrulnik, Les âmes blessées, Odile Jacob, 2014.
www.boris-cyrulnik-ipe.fr
Source : JDPPetite Enfance, janvier/février 2015, N°92.